Si l'erreur est humaine, les fées aussi commettent des maladresses, aux conséquences parfois désastreuses bien qu'involontaires. Les bons vœux qu'elles prodiguent aux nouveaux-nés sont ainsi des moments délicats, tout don, toute promesse, toute prédiction déterminant irrévocablement le destin de l'enfant.
La fée qui se pencha au-dessus du berceau de Constant Clémenceau était novice en la matière, elle n'avait encore jamais adressé de vœu. Elle avait pourtant suivi avec attention tous les cours de "Méthodologie du bon vœu féerique", les exercices de formulations claires, simples et précises, sans confusion possible et sans fioritures. Mais la règle du bon vœu était stricte : seul le nourrisson devait entendre le souhait féerique. Impossible dès lors de quémander une quelconque correction d'une fée plus expérimentée sous peine de rendre le vœu inopérant.
"Bel enfant, tu ne versera aucune larme de toute ta vie" furent ses mots.
L'intention était louable, mais le destin est farceur et insaisissable, même pour ceux qui peuvent en soulever quelques voiles. On aurait pu croire qu'avec ce bon vœu, Constant serait un enfant paisible, or il n'en fut rien. Il fut au contraire un bébé extrêmement bruyant, qui s'époumonait à la moindre irritation. Il criait, se tortillait, se crispait, mais aucune larme ne perlait à ses yeux. Il se démenait tant et si bien qu'il devenait rouge d'effort, et sa température corporelle atteignait régulièrement 40°C. Ses parents étaient désemparés face à cette fièvre chronique inexplicable, et l'emmenèrent chez de nombreux médecins qui furent tous incapables de poser le moindre diagnostic précis. Ils notèrent tous une forte déshydratation, un afflux sanguin dans les extrémités et une tachycardie, sans réussir à déterminer la cause exacte de ces symptômes. En dehors de ces accès critiques, Constant était en effet en bonne santé. Ce devait être un nerveux, il lui fallait du calme et du repos, un entourage aimant et apaisant, cela disparaîtrait sans doute avec l'âge, sinon il faudrait envisager un suivi psychologique.
Sa grand-mère maternelle fut quant-à-elle beaucoup plus péremptoire : ce gamin avait le diable au corps, il lui fallait de la fraîcheur, du silence et de l'obscurité. Elle accrochait au mur des brins de lavande et de marjolaine et lui donnait des bains tièdes parfumés à la camomille qui paraissaient le calmer pour un temps.
Malgré ces crises presque quotidiennes, Constant se développa normalement, ses membres s'allongèrent, il apprit à marcher, à parler, à compter, à lire et à écrire, à jouer aux Lego, aux Playmobil, aux Kapla, au football, au violoncelle... Il portait toutefois un fardeau qu'il n'arrivait pas à traduire en mots, une sensation d'insatisfaction, de lourdeur, de trop-plein. Il n'arrivait pas à pleurer. Cet acte si simple, si incontrôlable, si humain lui était inconnu.
Il en avait pleinement pris conscience un jour d'école, alors qu'il devait être âgé de six ou sept ans. Lors de la récréation, il avait percuté un de ses camarades, un prénommé Pierre, pour attraper le ballon avant lui, et ils étaient tus deux tombés sur le gravier. Leurs genoux et leurs mains étaient en sang. Constant sentit tout de suite monter une crise : la chaleur l'inonda, son corps devint une boule de feu, son sang cognait à ses tempes et il n'aspirait qu'à s'asperger d'eau fraîche. Néanmoins il percevait un bruit léger, une plainte lancinante. Pierre sanglotait à côté de lui. Ses joues étaient trempées de larmes, fines gouttes d'eau qui ruisselaient et formaient des sillons sur sa peau. Leurs camarades accoururent et s'attroupèrent autour de Pierre, l'aidant à se lever, lui tendant un mouchoir et le réconfortant, sans aucune attention pour Constant resté à terre, silencieux. Celui-ci contemplait avec incompréhension la scène dont il était exclu . Pourquoi tant de sollicitude pour Pierre, qui n'était pourtant pas davantage blessé que lui, et qui, en outre, se calmait doucement, alors qu'il se sentait de plus en plus mal ? Serait-ce possible que ce ne soient que ses pleurs qui attirent l'attention et la compassion des autres ?
Ce ne fut que la maîtresse qui, alertée, découvrit son état et l'emmena d'urgence à l'infirmerie, sous les regards presque effrayés de ses camarades qui semblaient enfin remarquer sa présence. Il ne retourna pas en classe ce jour-là, mais passa l'après-midi au calme, dans l'obscurité de la chambre de l'infirmerie, à ressasser les événements. L'infirmière l'avait félicité pour son courage : "Tu as du mérite, mon garçon, pour ne pas pleurer après une telle chute et une fièvre carabinée !"
Ainsi donc, il ne pleurait pas. Ses yeux ne pouvaient laisser couler la moindre larme. Devait-il s'en féliciter, se vanter de sa bravoure ? Ou devait-il au contraire s'en lamenter, regretter la compassion que les larmes éveillent ? Il n'avait pourtant pas l'impression d'être plus intrépide que les autres, il avait terriblement peur des araignées et des endroits confinés comme les ascenseurs. Mais il se souvenait de la fierté qu'il percevait dans la voix de son père lorsque celui-ci affirmait que son fils ne pleurait jamais : "C'est un costaud, jamais une larme, pas un gémissement !" Seule sa mère ne s'en réjouissait guère, elle avait toujours un air un peu douloureux lorsqu'elle écoutait son mari louer cette extraordinaire capacité, ou plutôt incapacité.
Ses relations avec les autres furent à l'image de cette mésaventure infantile : délicates, difficiles et peu chaleureuses, pour ne pas dire glaciales. Constant apparaissait comme un être taciturne et solitaire, aux réactions parfois inexplicables. Il n'aimait pas rester immobile, il fallait toujours qu'il fasse les cents pas, qu'il se tortille ou qu'il s'agite comme s'il était hyperactif. Il était capable de couper court une conversation sans explication et sans raison apparente.
Adolescent, il se mit à inventer toutes sortes de stratagèmes pour tester les limites de ce "don-incapacité" :
il éplucha des milliers d'oignons (un jour, il en avait décortiqué et ciselé une trentaine à la suite, il avait juste eu la goutte au nez et un parfum tenace),
il regarda des bluettes larmoyantes (il s'endormait toujours devant),
il lut des histoires dramatico-tragiques (son libraire le prenait pour un maniaco-dépressif),
il fit partie d'un cercle de parole de jeunes émotifs anonymes (il fut renvoyé car soupçonné d'espionnage et d'infiltration, car il ne venait que pour écouter les témoignages, motivé par le désir de comprendre le phénomène des crises de larmes, sans prononcer une seule parole et avec un air inquisiteur fort peu avenant),
il se mit des gouttes, du sable, du savon et de la poussière dans les yeux (il attrapa une conjonctivite et faillit perdre l’œil droit),
il cligna des yeux le plus vite possible pour sécréter davantage de larmes (il faillit tomber dans les pommes),
il marcha en plein blizzard pendant des heures (il fut cloué au lit pendant quinze jours),
il écouta des symphonies et des soli de violoncelles qui feraient frissonner même une statue (ses poils se hérissaient, il avait la chair de poule, mais pas la moindre petite larme),
il visita des milliers de musées en se postant devant les œuvres une par une en quête du graal qui ferait chavirer son cœur (il chavirait effectivement de fatigue au bout de quatre heures de contemplation attentive et concentrée... mais vaine du point de vue lacrymal),
Il résolut alors de guérir cette tare. Ce mal dont il souffrait devait bien avoir un nom, une cause, et donc un remède. Il étudia l'ophtalmologie et devint spécialiste de la production lacrymale. Mais parmi la multitude de syndromes aux noms parfois imprononçables, il ne rencontra jamais un cas similaire au sien. Ses yeux n'étaient pas secs, il n'avait jamais eu besoin de s'humidifier la cornée, cependant la lisière de ses paupières semblait être un barrage infranchissable. De plus, il ressentait parfois cette envie, ce besoin de pleurer. mais le flux était comme bloqué. Son corps lui semblait un ballon de baudruche empli d'eau, prêt à éclater. Il avait alors ces incompréhensibles poussées de fièvre. Son esprit cartésien en conclut que les larmes permettaient sans doute de refroidir l'organisme, de jeter de l'eau sur les braises ardentes de l'émotion. Il s'aspergeait donc d'eau fraîche, prenait une douche ou un bain et buvait beaucoup pour contrebalancer son absence de pleurs.
"Bel enfant, tu ne versera aucune larme de toute ta vie" furent ses mots.
L'intention était louable, mais le destin est farceur et insaisissable, même pour ceux qui peuvent en soulever quelques voiles. On aurait pu croire qu'avec ce bon vœu, Constant serait un enfant paisible, or il n'en fut rien. Il fut au contraire un bébé extrêmement bruyant, qui s'époumonait à la moindre irritation. Il criait, se tortillait, se crispait, mais aucune larme ne perlait à ses yeux. Il se démenait tant et si bien qu'il devenait rouge d'effort, et sa température corporelle atteignait régulièrement 40°C. Ses parents étaient désemparés face à cette fièvre chronique inexplicable, et l'emmenèrent chez de nombreux médecins qui furent tous incapables de poser le moindre diagnostic précis. Ils notèrent tous une forte déshydratation, un afflux sanguin dans les extrémités et une tachycardie, sans réussir à déterminer la cause exacte de ces symptômes. En dehors de ces accès critiques, Constant était en effet en bonne santé. Ce devait être un nerveux, il lui fallait du calme et du repos, un entourage aimant et apaisant, cela disparaîtrait sans doute avec l'âge, sinon il faudrait envisager un suivi psychologique.
Sa grand-mère maternelle fut quant-à-elle beaucoup plus péremptoire : ce gamin avait le diable au corps, il lui fallait de la fraîcheur, du silence et de l'obscurité. Elle accrochait au mur des brins de lavande et de marjolaine et lui donnait des bains tièdes parfumés à la camomille qui paraissaient le calmer pour un temps.
Malgré ces crises presque quotidiennes, Constant se développa normalement, ses membres s'allongèrent, il apprit à marcher, à parler, à compter, à lire et à écrire, à jouer aux Lego, aux Playmobil, aux Kapla, au football, au violoncelle... Il portait toutefois un fardeau qu'il n'arrivait pas à traduire en mots, une sensation d'insatisfaction, de lourdeur, de trop-plein. Il n'arrivait pas à pleurer. Cet acte si simple, si incontrôlable, si humain lui était inconnu.
Il en avait pleinement pris conscience un jour d'école, alors qu'il devait être âgé de six ou sept ans. Lors de la récréation, il avait percuté un de ses camarades, un prénommé Pierre, pour attraper le ballon avant lui, et ils étaient tus deux tombés sur le gravier. Leurs genoux et leurs mains étaient en sang. Constant sentit tout de suite monter une crise : la chaleur l'inonda, son corps devint une boule de feu, son sang cognait à ses tempes et il n'aspirait qu'à s'asperger d'eau fraîche. Néanmoins il percevait un bruit léger, une plainte lancinante. Pierre sanglotait à côté de lui. Ses joues étaient trempées de larmes, fines gouttes d'eau qui ruisselaient et formaient des sillons sur sa peau. Leurs camarades accoururent et s'attroupèrent autour de Pierre, l'aidant à se lever, lui tendant un mouchoir et le réconfortant, sans aucune attention pour Constant resté à terre, silencieux. Celui-ci contemplait avec incompréhension la scène dont il était exclu . Pourquoi tant de sollicitude pour Pierre, qui n'était pourtant pas davantage blessé que lui, et qui, en outre, se calmait doucement, alors qu'il se sentait de plus en plus mal ? Serait-ce possible que ce ne soient que ses pleurs qui attirent l'attention et la compassion des autres ?
Ce ne fut que la maîtresse qui, alertée, découvrit son état et l'emmena d'urgence à l'infirmerie, sous les regards presque effrayés de ses camarades qui semblaient enfin remarquer sa présence. Il ne retourna pas en classe ce jour-là, mais passa l'après-midi au calme, dans l'obscurité de la chambre de l'infirmerie, à ressasser les événements. L'infirmière l'avait félicité pour son courage : "Tu as du mérite, mon garçon, pour ne pas pleurer après une telle chute et une fièvre carabinée !"
Ainsi donc, il ne pleurait pas. Ses yeux ne pouvaient laisser couler la moindre larme. Devait-il s'en féliciter, se vanter de sa bravoure ? Ou devait-il au contraire s'en lamenter, regretter la compassion que les larmes éveillent ? Il n'avait pourtant pas l'impression d'être plus intrépide que les autres, il avait terriblement peur des araignées et des endroits confinés comme les ascenseurs. Mais il se souvenait de la fierté qu'il percevait dans la voix de son père lorsque celui-ci affirmait que son fils ne pleurait jamais : "C'est un costaud, jamais une larme, pas un gémissement !" Seule sa mère ne s'en réjouissait guère, elle avait toujours un air un peu douloureux lorsqu'elle écoutait son mari louer cette extraordinaire capacité, ou plutôt incapacité.
Ses relations avec les autres furent à l'image de cette mésaventure infantile : délicates, difficiles et peu chaleureuses, pour ne pas dire glaciales. Constant apparaissait comme un être taciturne et solitaire, aux réactions parfois inexplicables. Il n'aimait pas rester immobile, il fallait toujours qu'il fasse les cents pas, qu'il se tortille ou qu'il s'agite comme s'il était hyperactif. Il était capable de couper court une conversation sans explication et sans raison apparente.
Adolescent, il se mit à inventer toutes sortes de stratagèmes pour tester les limites de ce "don-incapacité" :
il éplucha des milliers d'oignons (un jour, il en avait décortiqué et ciselé une trentaine à la suite, il avait juste eu la goutte au nez et un parfum tenace),
il regarda des bluettes larmoyantes (il s'endormait toujours devant),
il lut des histoires dramatico-tragiques (son libraire le prenait pour un maniaco-dépressif),
il fit partie d'un cercle de parole de jeunes émotifs anonymes (il fut renvoyé car soupçonné d'espionnage et d'infiltration, car il ne venait que pour écouter les témoignages, motivé par le désir de comprendre le phénomène des crises de larmes, sans prononcer une seule parole et avec un air inquisiteur fort peu avenant),
il se mit des gouttes, du sable, du savon et de la poussière dans les yeux (il attrapa une conjonctivite et faillit perdre l’œil droit),
il cligna des yeux le plus vite possible pour sécréter davantage de larmes (il faillit tomber dans les pommes),
il marcha en plein blizzard pendant des heures (il fut cloué au lit pendant quinze jours),
il écouta des symphonies et des soli de violoncelles qui feraient frissonner même une statue (ses poils se hérissaient, il avait la chair de poule, mais pas la moindre petite larme),
il visita des milliers de musées en se postant devant les œuvres une par une en quête du graal qui ferait chavirer son cœur (il chavirait effectivement de fatigue au bout de quatre heures de contemplation attentive et concentrée... mais vaine du point de vue lacrymal),
Il résolut alors de guérir cette tare. Ce mal dont il souffrait devait bien avoir un nom, une cause, et donc un remède. Il étudia l'ophtalmologie et devint spécialiste de la production lacrymale. Mais parmi la multitude de syndromes aux noms parfois imprononçables, il ne rencontra jamais un cas similaire au sien. Ses yeux n'étaient pas secs, il n'avait jamais eu besoin de s'humidifier la cornée, cependant la lisière de ses paupières semblait être un barrage infranchissable. De plus, il ressentait parfois cette envie, ce besoin de pleurer. mais le flux était comme bloqué. Son corps lui semblait un ballon de baudruche empli d'eau, prêt à éclater. Il avait alors ces incompréhensibles poussées de fièvre. Son esprit cartésien en conclut que les larmes permettaient sans doute de refroidir l'organisme, de jeter de l'eau sur les braises ardentes de l'émotion. Il s'aspergeait donc d'eau fraîche, prenait une douche ou un bain et buvait beaucoup pour contrebalancer son absence de pleurs.
Cette inaptitude devint une véritable obsession. Il se sentait anormal et inhumain, incapable de toute compassion, de tout émoi véritable. Sans pleurs, ses émotions lui semblaient comme assourdies, atténuées, impures, sans valeur. C'était comme être joyeux sans pourvoir sourire, comme être amusé sans pouvoir rire, comme être étonné sans pouvoir hausser les sourcils et ouvrir grand les yeux, comme être en colère sans pouvoir serrer les poings, les dents et froncer les sourcils... De fait, il n'arrivait pas à être vraiment triste. Ce qui ne voulait pas pour autant dire qu'il était heureux.
Un jour de pluie, alors qu'il pestait tout haut contre ces satanés nuages qui eux aussi pouvaient pleurer, il entendit une voix lui murmurer à l'oreille :
Un jour de pluie, alors qu'il pestait tout haut contre ces satanés nuages qui eux aussi pouvaient pleurer, il entendit une voix lui murmurer à l'oreille :
"Pourquoi cherches-tu à être nuage quand tu pourrais être soleil ?"
Et la libellule qui était posée sur son épaule s'envola.
Et la libellule qui était posée sur son épaule s'envola.
✦✧✦
Je me souviens encore de son regard alors qu'il contemplait mon visage brouillé par les larmes. Des yeux rieurs, comme s'il s'amusait de mes pleurs, comme s'il cherchait à me faire sourire, à me dire que ce n'était pas si grave, à me demander pourquoi ces larmes, d'où viennent-elles, pourquoi pas moi ? Sa main sous mon menton, soutenant mon visage, un geste tendre, un geste d'incompréhension.
Pourquoi pleurer ?
Je ne l'ai jamais vu pleurer. Sans doute a-t-il crié étant bébé, mais avec la perte de parole s'est associée la perte des pleurs. Plus une larme. Pas un mot.
Où vont donc les larmes qui ne s'écoulent pas ? Restent-elles bloquées dans notre cœur, un cœur-océan de larmes qui un jour, se répandra ? À moins qu'elles ne s'évaporent sous la chaleur des sentiments ?
Pour ce souvenir, une recette... de coulant.
Ce petit gâteau bien connu, notamment le pionnier au chocolat, tiède et réconfortant, qui s'écrabouille avec délectation en une cuillerée.
Mais j'en voulais un doré comme le Soleil, et coulant comme la Pluie.
J'en voulais aussi un qui ne nécessite pas de cuisson au four, à l'image de mon fondant Banane et Mer de Coco ♥.
Un coulant scintillant comme les étoiles, avec des poudres astrales magiques.
Et puis surtout, il y avait cet énorme cageot de pommes, un cadeau pré-Noël, à peine cuites, et mixées en compote dorée.
Un coulant d'Or et d'Ambre est donc né sous l'Arbre-en-ciel... (avant ses cousins arc-en-ciel...)
✦✧✦
Une petite sphère à la chair dorée, la pomme
La pomme représente le fruit par excellence. Étymologiquement tout d'abord, puisque le terme, issu du latin pomum, désigne jusqu'au Vème siècle un fruit en général, qu'il soit à noyau ou à pépins. De plus, la pomme a une portée symbolique indéniable, dont l'image du fruit défendu est la plus connue dans nos sociétés occidentales :
♦ Dans l'iconographie chrétienne, elle est traditionnellement représentée comme le fruit du Péché Originel, le fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal au centre du Paradis Terrestre, l'Éden. Cueillie par Ève sous la tentation du Serpent, et croquée par celle-ci et son compagnon Adam, elle les conduit à être chassés de l'Éden et à vivre sur Terre, où ils connaîtront effectivement le Bien et le Mal (la joie d'enfanter/la douleur de l'accouchement pour Ève, la culture de la terre/le dur labeur pour Adam).
L'expression la pomme d'Adam, qui désigne la saillie apparente de la partie antérieure du cou chez l'homme, montre bien que celle-ci lui est restée en travers de la gorge.
♦ Dans la tradition celtique, la pomme est une denrée miraculeuse car elle apporte connaissance et sagesse. L'île d'Avalon, lieu du séjour des héros défunts, tire ainsi son nom du celte abellio, "le pommier", terme ayant sans doute la même étymologie que l'Apollon grec.
♦ La pomme est aussi omniprésente dans les mythologies grecque puis romaine. La pomme de discorde évoque ainsi la pomme jetée par la Discorde aux trois déesses Héra, Athéna et Aphrodite, et que le jeune berger Pâris dût attribuer à la plus belle d'entre elles. Ce dernier choisit Aphrodite, déesse de la Beauté, qui lui promit en retour l'amour de la plus belle femme du monde, la belle Hélène, la femme du roi de Sparte Ménélas... Un amour à l'origine de la fameuse Guerre de Troie, relatée dans l'Iliade.
Du point de vue botanique, le pommier cultivé (malus x communis/domestica) appartient à la famille des Rosacées et est en fait un hybride entre plusieurs espèces, et n'est pas directement issu du pommier sauvage (malus sylvestris). Il serait né il y a plus de 8 000 ans en Asie occidentale.
Le pommier est un arbuste, et plus rarement un arbre, à l'écorce grise, aux feuilles dentées, aux fleurs rose pâle et aux fruits sphériques de couleurs variées, allant du jaune au rouge en passant par le vert. Il existe aujourd'hui plus de 20 000 variétés de pommiers.
La pomme était couramment utilisée comme base d'onguent ou de préparation servant à panser les plaies, d'où le terme de "pommade". Par exemple, le mélange de jus de pomme et d'huile d'olive à part égale était couramment usité contre les blessures, tout comme le cataplasme de pomme cuite.
La pomme faciliterait la digestion. En effet, son acidité favorise la sécrétion de salive et des sucs digestifs.
Sa richesse en pectine (fibres solubles) favoriserait une baisse du cholestérol sanguin. La pectine et les fibres solubles ont la particularité de former un gel (d'où son utilisation dans la préparation de confitures et autres gelées). Ce gel, en liant le sucre et le cholestérol, en limiterait l'absorption.
Riche en antioxydants, elle est réputée pour protéger notre organisme des méfaits du temps. :"Une pomme par jour..." La pomme est une excellente source de vitamine C ou acide ascorbique. Cette dernière participe à la bonne santé de nos os, de nos cartilages et de nos dents.
Attention : en tant que fruit, la pomme est riche en sucres, notamment en fructose et en sorbitol. Ces sucres peuvent occasionner des problèmes gastro-intestinaux chez les personnes sensibles.
La compote de pommes, douce mousseline dorée, est associée à des poudres magiques et scintillantes pour un dessert végétalien presque cru* et très digeste, sans lait et sans gluten. Le tout dans des tons d'ivoire, d'or et d'ambre...
♦ L'ocre de la farine de souchet, à la délicate saveur d'amande ou de noisette. Le souchet est d'ailleurs surnommé "amande de terre". Il s'agit en fait du tubercule d'une plante herbacée appelée chufa, ne dépassant pas les 30 centimètres de hauteur et ne produisant pas de fleurs.
La farine de souchet est elle aussi riche en protéines (environ 25 %), mais aussi en fibres insolubles. Ces dernières accélèrent le transit intestinal et favorisent la satiété. Elles participent de plus à la bonne santé de notre système digestif. Néanmoins, les fibres insolubles ingérées en trop grande quantité peuvent irriter les systèmes digestifs les plus sensibles (notamment dans le cas du Syndrome de l'Intestin Irritable, SII), car elles stimulent les contractions de l'intestin grêle.
Pour cette recette, la farine de souchet peut être remplacée par de la poudre d'olégineux (amande, noisette, noix de cajou...).
♦ L'or de la lucuma et de la maca, deux poudres féeriques.
La lucuma est le fruit d'un arbre poussant sur la Cordillère des Andes, surnommé l'Or des Incas (son utilisation s'impose donc dans cette recette !). Sa saveur est douce et vanillée ♥. Elle contient des vitamines du groupes B, des béta-carotènes, du fer et de la vitamine C (facilitant l'assimilation du fer... la Nature est bien faite), du zinc et un petit peu de calcium.
La maca est quant à elle une racine réputée pour ses propriétés médicinales. Revitalisante et énergisante, elle est aussi aphrodisiaque.
Ces deux poudres doivent être consommées crues pour profiter au maximum de leurs bienfaits.
♦ Le sucre de fleur de coco, qui apporte un petit goût caramélisé et une jolie couleur ambrée, tout en ayant un index glycémique faible (24, 5 en Europe) par rapport au sucre raffiné. Il est aussi riche en minéraux et oligo-éléments (magnésium, potassium, et des traces de zinc et de fer), et en antioxydants.
* Pour un dessert entièrement cru, il existe des alternatives :
♦ posséder un bon mixeur capable de réaliser des compotes crues
♦ adapter la recette avec d'autres fruits s'écrasant plus facilement, comme la banane ou la poire. Attention cependant, il faudra sans doute adapter la quantité de farine pour obtenir une pâte aisément modelable.
♦ Dans l'iconographie chrétienne, elle est traditionnellement représentée comme le fruit du Péché Originel, le fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal au centre du Paradis Terrestre, l'Éden. Cueillie par Ève sous la tentation du Serpent, et croquée par celle-ci et son compagnon Adam, elle les conduit à être chassés de l'Éden et à vivre sur Terre, où ils connaîtront effectivement le Bien et le Mal (la joie d'enfanter/la douleur de l'accouchement pour Ève, la culture de la terre/le dur labeur pour Adam).
L'expression la pomme d'Adam, qui désigne la saillie apparente de la partie antérieure du cou chez l'homme, montre bien que celle-ci lui est restée en travers de la gorge.
♦ Dans la tradition celtique, la pomme est une denrée miraculeuse car elle apporte connaissance et sagesse. L'île d'Avalon, lieu du séjour des héros défunts, tire ainsi son nom du celte abellio, "le pommier", terme ayant sans doute la même étymologie que l'Apollon grec.
♦ La pomme est aussi omniprésente dans les mythologies grecque puis romaine. La pomme de discorde évoque ainsi la pomme jetée par la Discorde aux trois déesses Héra, Athéna et Aphrodite, et que le jeune berger Pâris dût attribuer à la plus belle d'entre elles. Ce dernier choisit Aphrodite, déesse de la Beauté, qui lui promit en retour l'amour de la plus belle femme du monde, la belle Hélène, la femme du roi de Sparte Ménélas... Un amour à l'origine de la fameuse Guerre de Troie, relatée dans l'Iliade.
Du point de vue botanique, le pommier cultivé (malus x communis/domestica) appartient à la famille des Rosacées et est en fait un hybride entre plusieurs espèces, et n'est pas directement issu du pommier sauvage (malus sylvestris). Il serait né il y a plus de 8 000 ans en Asie occidentale.
Le pommier est un arbuste, et plus rarement un arbre, à l'écorce grise, aux feuilles dentées, aux fleurs rose pâle et aux fruits sphériques de couleurs variées, allant du jaune au rouge en passant par le vert. Il existe aujourd'hui plus de 20 000 variétés de pommiers.
La pomme était couramment utilisée comme base d'onguent ou de préparation servant à panser les plaies, d'où le terme de "pommade". Par exemple, le mélange de jus de pomme et d'huile d'olive à part égale était couramment usité contre les blessures, tout comme le cataplasme de pomme cuite.
La pomme faciliterait la digestion. En effet, son acidité favorise la sécrétion de salive et des sucs digestifs.
Sa richesse en pectine (fibres solubles) favoriserait une baisse du cholestérol sanguin. La pectine et les fibres solubles ont la particularité de former un gel (d'où son utilisation dans la préparation de confitures et autres gelées). Ce gel, en liant le sucre et le cholestérol, en limiterait l'absorption.
Riche en antioxydants, elle est réputée pour protéger notre organisme des méfaits du temps. :"Une pomme par jour..." La pomme est une excellente source de vitamine C ou acide ascorbique. Cette dernière participe à la bonne santé de nos os, de nos cartilages et de nos dents.
Attention : en tant que fruit, la pomme est riche en sucres, notamment en fructose et en sorbitol. Ces sucres peuvent occasionner des problèmes gastro-intestinaux chez les personnes sensibles.
✦✧✦
La compote de pommes, douce mousseline dorée, est associée à des poudres magiques et scintillantes pour un dessert végétalien presque cru* et très digeste, sans lait et sans gluten. Le tout dans des tons d'ivoire, d'or et d'ambre...
Deux farines sans gluten et riches en protéines et en fibres :
♦ L'ivoire de la farine de coco, à la saveur délicate et parfumée. Elle ne contient ni gluten, ni cholestérol. En outre, elle possède elle aussi un IG faible (35), et peu de sucres rapides. Mais son principal atout est sa richesse en fibres, environ 50 %, qui favorise la digestion. Elle contient aussi environ 20 % de protéines.♦ L'ocre de la farine de souchet, à la délicate saveur d'amande ou de noisette. Le souchet est d'ailleurs surnommé "amande de terre". Il s'agit en fait du tubercule d'une plante herbacée appelée chufa, ne dépassant pas les 30 centimètres de hauteur et ne produisant pas de fleurs.
La farine de souchet est elle aussi riche en protéines (environ 25 %), mais aussi en fibres insolubles. Ces dernières accélèrent le transit intestinal et favorisent la satiété. Elles participent de plus à la bonne santé de notre système digestif. Néanmoins, les fibres insolubles ingérées en trop grande quantité peuvent irriter les systèmes digestifs les plus sensibles (notamment dans le cas du Syndrome de l'Intestin Irritable, SII), car elles stimulent les contractions de l'intestin grêle.
Pour cette recette, la farine de souchet peut être remplacée par de la poudre d'olégineux (amande, noisette, noix de cajou...).
♦ L'or de la lucuma et de la maca, deux poudres féeriques.
La lucuma est le fruit d'un arbre poussant sur la Cordillère des Andes, surnommé l'Or des Incas (son utilisation s'impose donc dans cette recette !). Sa saveur est douce et vanillée ♥. Elle contient des vitamines du groupes B, des béta-carotènes, du fer et de la vitamine C (facilitant l'assimilation du fer... la Nature est bien faite), du zinc et un petit peu de calcium.
La maca est quant à elle une racine réputée pour ses propriétés médicinales. Revitalisante et énergisante, elle est aussi aphrodisiaque.
Ces deux poudres doivent être consommées crues pour profiter au maximum de leurs bienfaits.
♦ Le sucre de fleur de coco, qui apporte un petit goût caramélisé et une jolie couleur ambrée, tout en ayant un index glycémique faible (24, 5 en Europe) par rapport au sucre raffiné. Il est aussi riche en minéraux et oligo-éléments (magnésium, potassium, et des traces de zinc et de fer), et en antioxydants.
* Pour un dessert entièrement cru, il existe des alternatives :
♦ posséder un bon mixeur capable de réaliser des compotes crues
♦ adapter la recette avec d'autres fruits s'écrasant plus facilement, comme la banane ou la poire. Attention cependant, il faudra sans doute adapter la quantité de farine pour obtenir une pâte aisément modelable.
✦✧✦
Pour deux petits coulants :
La base :120 g de compote de pomme non sucrée
20 g de sucre de fleur de coco
20 g de farine de coco
20 g de farine de souchet ou de poudre d'oléagineux
15 g de poudre dorée (10 g de lucuma et 5 g de maca, ou 15 g de lucuma)
1 càc de grains de vanille
Le cœur coulant caramel :
2 càc bien bombées de purée d'oléagineux
2 càc de sirop d'agave ou de riz (ou de miel si vous n'êtes pas végétaliens)
2 càs d'eau ou de lait végétal
Le cœur coulant caramel peut être remplacé par une sauce au chocolat (du chocolat fondu avec un peu de crème végétale), ou encore de la confiture délayée dans un peu d'eau si elle est trop épaisse...
♦ Préparer le cœur coulant en mêlant la purée d'oléagineux, le sucrant et l'eau ou le lait végétal.
♦ Étape du modelage - étape cruciale et délicate mais ô combien amusante - Séparer la pâte en deux boules. Avec les 2/3 de chacune, former un puits et y verser le cœur coulant. Refermer le coulant avec le reste de pâte. Bien amalgamer le tout afin d'obtenir une jolie demi-sphère harmonieuse.
On peut bien sûr être plus original et modeler le gâteau en forme de carré, de pyramide, de Père Noël ou de lapin.
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Je vous souhaite à tous de très belles fêtes de fin d'année, scintillantes et lumineuses.
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Je vous souhaite à tous de très belles fêtes de fin d'année, scintillantes et lumineuses.
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Sources
La pomme
COUPLAN François, DEBUIGNE Gérard. Le Petit Larousse des plantes qui guérissent. Paris : Larousse, 2013. 1032 pages.
Mon livre de base sur les plantes...
Mon livre de base sur les plantes...
"Pomme". In Passeportsanté.net [En ligne]. Mis à jour en mai 2011.
Pour les informations nutritionnelles et les sources des études biologiques.
DUFEY Mélanie. "Lucuma, poudre de Baobab, farines de millet brun, souchet & pépins de raisins". In Chaudron Pastel [En ligne]. Mis en ligne le 10 septembre 2012.
Deux pépites d'articles, comme toujours sur le Chaudron Pastel. Très complets didactiques, ils présentent tous les atouts nutritionnels et symboliques de ces farines surnaturelles. Avec en plus les bonnes adresses pour les trouver et des conseils d'utilisation.
LAFORÊT Marie. Les Superaliments. Paris : Gallimard, 2014. 112 pages. Collection Alternatives.
Petit livre sur les superaliments, les présentant brièvement (les choux, les feuilles vertes, les racines, les graines, les baies, les fruits, les algues, et les aliments fermentés), avec de belles recettes colorées.
Pour les informations nutritionnelles et les sources des études biologiques.
Les poudres magiques
DUFEY Mélanie. "Farine de coco : ses bienfaits & propriétés nutritionnelles, et comment la cuisiner". In Chaudron Pastel [En ligne]. Mis en ligne le 23 juillet 2012.DUFEY Mélanie. "Lucuma, poudre de Baobab, farines de millet brun, souchet & pépins de raisins". In Chaudron Pastel [En ligne]. Mis en ligne le 10 septembre 2012.
Deux pépites d'articles, comme toujours sur le Chaudron Pastel. Très complets didactiques, ils présentent tous les atouts nutritionnels et symboliques de ces farines surnaturelles. Avec en plus les bonnes adresses pour les trouver et des conseils d'utilisation.
LAFORÊT Marie. Les Superaliments. Paris : Gallimard, 2014. 112 pages. Collection Alternatives.
Petit livre sur les superaliments, les présentant brièvement (les choux, les feuilles vertes, les racines, les graines, les baies, les fruits, les algues, et les aliments fermentés), avec de belles recettes colorées.
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Bonjour ! Je viens de tester ces fameux petits coulants en adaptant à ce que j'avais sous la main (poudre de noix et rapadura pour la base, et coulis érable/amande/lait d'avoin) et...je suis conquise ! Très facile à faire, gourmande et simple. Bon j'ai encore des progrès faire pour la forme(ça a plutôt donné des puis emplis avec le coulis) mais là c'est mea culpa.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce délicieux partage, je testerai d'autres recettes sous peu =)
Bonjour Clémentine,
SupprimerJe suis ravie que cette recette vous ait plu ! Elle est en effet personnalisable suivant le contenu des placards (le petit coulis érable/amande/lait d'avoine me tente bien d'ailleurs !) Pour la forme, il faut un petit peu d'entraînement, à moins de s'aider d'un cercle à pâtisserie !
Belle journée à vous...